30 avril 1902
Son nom ne vous dit sans doute rien ! Xavier de Montépin fut pourtant l’un des écrivains les plus prolixes et les plus connus de la fin du XIXème siècle évoluant dans le registre du roman populaire. Par sa notoriété d’alors, on pourrait le comparer à Pierre Benoit dans années 1930, à Guy des Cars dans les années 1950 et pourquoi pas à Marc Lévy pour notre époque contemporaine…
Face aux critiques acerbes et aux jalousies que suscitait son succès, Gaston Leroux à qui l’on doit notamment « Le fantôme de l’opéra » ou les héros Rouletabille et Chéribibi, écrivait à propos de Xavier de Montépin : « Pourquoi retirer aux enfants les images d’Epinal ? Pourquoi enlever au peuple le vieux mélo qui l’amuse ».
Né en 1823, Xavier de Montépin est auditeur à l’Ecole des Chartes. Journaliste, il met très rapidement sa plume au service de l’écriture romanesque. Publié sous forme de livre souple, ses titres sont également proposés en feuilletons dans les journaux de l’époque. En octobre 1897, dans « Le Petit Journal » débute ainsi la publication de « La marchande fleurs ». Dans cette intrigue complexe qui tiendra les lecteurs en haleine pendant de longs mois, deux personnages féminins rivalisent, la belle Gabrielle et la comtesse Marcelle. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est que dans un chapitre, un prisonnier, condamné à tort, est transféré en train de Paris vers St Martin de Ré d’où il doit rejoindre Cayenne. Or, lors du transfert, par une nuit de tempête, après le passage en gare de Thouars, une erreur d’aiguillage provoque un dramatique accident. Le convoi heurte un autre train en provenance de Nantes. Dans cet accident ferroviaire imaginé par Xavier de Montépin, le romancier dénombre une trentaine de mort dont certains méconnaissables car brûlés vifs. C’est ainsi que le héros de cette scène, Paul Giret, recouvrera la liberté et pourra prouver son innocence…
Si la présence de Thouars dans ce roman est anecdotique, elle rappelle néanmoins l’importance de la ville dans l’univers cheminot de la fin du XIXème siècle. Elle évoque aussi la vision véhiculée par l’accident ferroviaire dans l’imaginaire collectif.
Enfin, « La marchande de fleurs » sera repris sous forme de feuilleton dans le quotidien régional « Ouest Eclair » en 1900 et là, ce passage de l’histoire sera encore plus parlant pour les lecteurs puisqu’une catastrophe, bien réelle celle-ci, s’était produite entre temps à Thouars, en novembre 1899, à hauteur du viaduc enjambant le Thouet. Comme si Xavier de Montépin avait écrit un roman prémonitoire…
Xavier de Montépin meurt à Paris le 30 avril 1902. Ecrivain « au kilomètre », se faisant parfois aider par des «prête-plume », on lui doit plus de cent romans. Si « La marchande de fleurs » a disparu des bibliothèques, Xavier de Montépin reste connu pour son titre « La porteuse de pain » qui fut adapté à la télévision.
Le passage relatif à Thouars, extrait du roman de Xavier de Montépin, est à lire dans le nouveau bulletin de la SHAAPT, disponible dans les librairies thouarsaises.
SHAAPT
BP 17
79100 thouars