08 juillet 2022
Alors que le Tour de France bat son plein, rappelons-nous qu’Oiron compta un champion cycliste de la Belle époque ! Né en 1893, Charles Bouffard voit passer le premier Tour de France à Grenoble, sa ville natale, en 1903. De là naît sa vocation sportive. S’entrainant sans relâche sur sa bicyclette Dutrieux, il participe à plusieurs courses régionales. Mais les routes du Dauphiné lui semblent bientôt trop étroites et il veut se mesurer à ses héros d’alors, Philippe Thys, François Faber, Gustave Garribou, Louis Trousselier…
Fondé par le journal « L’auto », le Tour de France est réservé aux coureurs professionnels. Aussi, en 1910, les cycles Peugeot et les pneumatiques Wolber organisent leur propre course. Baptisée Tour de France Peugeot Wolber ou Tour de France des Indépendants, cette compétition est ouverte à tous les cyclistes amateurs. Les sélections n’existant pas, il leur suffit de s’inscrire et de payer 5 francs pour la participation.
Les deux épreuves ne sont pas concurrentes et le journal « L’auto », organisatrice du Tour de France professionnel évoque même cette nouvelle compétition pour amateurs avec enthousiasme. De fait, on enregistre plus de 650 inscrits.
A 17 ans, le futur oironnais veut y participer. Il sollicite un fabricant de vélo de Grenoble qui a déjà repéré le jeune homme par ses exploits régionaux. C’est ainsi que Charles Bouffard enfourche « L’Unique », un vélo pesant treize kilos sans compter les accessoires indispensables rangés dans un sac de toile fixé sur le guidon. Pas question de partir sans sa clé à molette, les boyaux ou les rayons de rechange ! Il n’y a pas de voiture suiveuse pour vous dépanner et le jeune coureur devra se débrouiller pour les ravitaillements et l’hébergement.
A 6h30 le 7 août 1910, ils sont finalement 526 à prendre le départ près de la gare de Lyon à Paris pour parcourir 3000 kilomètres répartis en quatorze étapes. Finalement, un mois plus tard, ils ne sont plus que 316 à franchir la ligne d’arrivée. Le franc-comtois René Guenot remporte la compétition. Charles Bouffard, lui, termine à la 144ème place et participera à nouveau au Tour de France des Indépendants en 1911. Mais cette compétition n’aura pas d’avenir laissant place au seul Tour de France des coureurs professionnels, tel qu’il est arrivé jusqu’à nous.
Arrive le premier conflit mondial… Affecté à l’aviation, Charles Bouffard est blessé au cours d’un combat aérien, ce qui mettra fin à ses aspirations sportives. Sous-officier à l’issue de la guerre, il est muté à Casablanca en 1928. Il en revient en 1954 et s’installe à Pas de Jeu puis à Oiron, où son épouse a ses attaches familiales.
Le Tour de France a bien évolué au fil des décennies. Qu’en penserait aujourd’hui le oironnais Charles Bouffard, lui qui en 1910, à 17 ans, était le plus jeune concurrent de la mythique épreuve cycliste…
SHAAPT
BP 17
79100 thouars