11 novembre 1918
Née en 1908, la jeune Alice Laurendin passa toute sa vie à Thouars. Elle avait dix ans quand cessa le premier conflit mondial. Après une carrière de journaliste dans la presse locale, aux côtés de son époux Michel Olivier, elle raconta ses souvenirs d’enfance publiés en 1983 dans la gazette du Vieux Thouars.
Son récit de l’Armistice à est un témoignage précieux et émouvant :
« Quand je pense au 11 novembre 1918, je n'ai vraiment pas la peine de fermer les yeux, j'y suis ! Seuls ceux qui l'ont vécu peuvent me comprendre. Ce fut une explosion de joie qui souleva la France entière.
Je me souviens. Il était 18 heures. Le froid piquait aux doigts et un brouillard épais recouvrait la ville. Depuis quelques jours déjà on murmurait que ça allait être bientôt la fin. Et brusquement une sirène, celle du Dépôt, commence à percer le brouillard. Puis les cloches de nos deux églises, à toute volée. Aussitôt sur toutes les portes, des ombres apparaissent, des cris se croisent, des rires fusent. Une sorte de frénésie semble s'emparer de tout le monde. Les gens dans la rue s'embrassent.
Monsieur Moreau, le tambour de la ville, chargé de faire connaître la bonne nouvelle, est submergé par une foule bruyante. A toutes les fenêtres surgissent des drapeaux. Et ces chants, ces rires, ces oriflammes agités dans le brouillard, ces pétards, la sirène qui hurle sans arrêt les cloches, tout cela enivre la foule qui dans la joie perd vraiment la tête.
Bientôt, un cortège part de la gare et les cheminots, drapeaux en tête, montent l'avenue Victor Leclerc, chantant à pleins poumons la Marseillaise.
Au milieu de ce délire, personne ne s'inquiéta de moi. Battant des mains, chantant à tue-tête la Madelon, dansant avec les gosses du quartier, je collectionnais, sans le savoir, ces instants extraordinaires pour les garder au fond de mon cœur toute ma vie ».
SHAAPT
BP 17
79100 thouars