Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

En 1924, par décision municipale en date du 17 juin, une petite voie de la vieille ville de Thouars, entre la Tour du Prince de Galles et la place St Médard, prenait le nom de rue Réjane, en hommage à la célèbre comédienne aux origines thouarsaises, disparue quatre ans plus tôt, quasiment jour pour jour, le 14 juin 1920.

Effectivement, la mère de Réjane, Adèle Bernou, était native de Thouars et travailla un temps avec ses parents au Café des Sauvages, situé place des Cordeliers. Si le café n’existe plus aujourd’hui, les carreaux sérigraphiés représentant des indiens et qui ornaient la vitrine sont toujours visibles.

A la mort de son père, la jeune Adèle quitte Thouars et monte à Paris, où une partie de sa famille maternelle travaille dans le milieu du spectacle. L’un de ses oncles est directeur de l’Hippodrome du pont de l’Alma et produit des spectacles équestres ; l’autre est un comédien reconnu. Adèle est embauchée au Théâtre de l’Ambigu où elle tient la caisse et le bar. Elle y rencontre Charles Réju qui, lui, est régisseur de l’établissement. Ils se marient en 1855. C’est dans cet univers que nait la petite Gabrielle Réju, le 5 juin 1856. A côtoyer chaque soir les comédiens, à se perdre dans les loges et les coulisses, à rêver dans les costumes, la fillette prend le virus de la scène.

Primée au Conservatoire en 1854, Gabrielle devient très vite incontournable, sa notoriété grandit et elle prend pour nom de scène Réjane. Elle est considérée comme l’égale de Sarah Bernhardt. Toutes deux sont d’ailleurs amies et n’évoluent pas dans le même registre dramaturgique. Si la grande Sarah est reine de la tragédie, Réjane excelle dans le drame social, la comédie de boulevard et le divertissement. On lui doit notamment la création de « Madame Sans-gêne », pièce écrite pour elle par Victorien Sardou.

Adulée dans le monde entier, surnommée « La Parisienne » en référence à l’une de ses pièces à succès, Réjane, la comédienne aux racines thouarsaises, s’éteint à Paris le 14 juin 1920, veillée par Marcel Proust qui était l’un de ses amis.

Voir bulletin SHAAPT n°24 – 2017