Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Marie de la Tour, duchesse de Thouars, est une protestante convaincue. Elle est en opposition avec son époux Henri de la Trémoïlle, qui, lui, a abjuré sa foi protestante et rallié l’Eglise catholique pour se rapprocher du pouvoir royal. Même si Henri a autorisé, en 1640, la construction d’un temple protestant, la religion reste source de conflit au sein du couple ducal. En novembre 1659, Marie de la Tour, au grand dam de son époux, va présider le synode protestant à Loudun. Par fidélité au roi Louis XIV, Henri de la Trémoïlle doit, lui, montrer son attachement à l’Eglise catholique. La chapelle du château sera un bon alibi !

Bâtie par Gabrielle de Bourbon à partir de 1512, consacrée Sainte Chapelle car abritant une relique du Christ, la collégiale de Thouars a déjà été reconnue par le pape Léon X en 1515.

Le 27 juillet 1659, le pape Alexandre VII signe une seconde bulle consacrant la chapelle du château de Thouars. Le souverain pontife « concède à perpétuité aux fidèles qui visiteront l’église et Sainte chapelle Notre Dame de Thouars, aux jours portés par icelle, toutes les indulgences qu’ils gagneraient en visitant les sept églises de Rome, et à ceux qui dans la dite église et sainte chapelle prieront pour les seigneurs de la Trémoïlle, ses fondateurs, vivants et trépassés, dont la généalogie en ligne directe est insérée à la fin de la dite bulle ».

Cela signifie que les fidèles qui visiteraient la Sainte chapelle de Thouars à certaines dates choisies par les chanoines, et ceux qui y prieraient pour les membres de la famille de La Trémoïlle obtiendraient autant d’indulgences que les fidèles pratiquant le Tour des Sept églises de Rome, pèlerinage initié vers 1550 à Rome par Saint Philippe de Néri et Saint Ignace de Loyola. Par cette bulle, le Saint Père rappelle l’importance de la chapelle du château de Thouars au sein de l’Eglise.

Dès lors, propriétaire d’une chapelle deux fois consacrées, Henri de la Trémoïlle peut s’enorgueillir d’être un fidèle catholique… et briller aux yeux du roi !

Visuel : Alexandre VII par Baciccio (1167) – Musée de Sofia