19 février 1715
Ce jour-là, la cour de Versailles est en effervescence. Annoncée depuis plusieurs semaines, l’ambassade du Shah de Perse doit enfin être présentée à Louis XIV. Arrivé quelques semaines plus tôt, à Marseille, Mehmet Riza Beg et sa suite sont de toutes les conversations, que ce soit dans les hôtels particuliers ou les tavernes. L’exotisme du personnage fascine et intrigue. On le dit fantasque et irritable mais il représente l’actuel descendant des rois de Perse que l’on présente comme étant « de temps immémorial les rois les plus magnifiques de l’Orient ». La curiosité et l’enthousiasme provoqués par cette ambassade révèlent l’engouement grandissant en France et en Europe pour la découverte des cultures et mœurs des peuples orientaux. C’est donc nimbé de mystère que « l’homme au turban » arrive chez le Roi-Soleil.
Dans la galerie des glaces, on a dressé des gradins pour accueillir les courtisans, les invités exceptionnels et les ambassadeurs étrangers. Autour du trône sur lequel siège Louis XIV, ont pris place la famille royale au grand complet et les plus proches conseillers du roi dont Charles Louis Bretagne de la Trémoïlle. Le duc de Thouars est effectivement le premier gentilhomme de la chambre du Roi et, à ce titre, a le privilège d’être à ses côtés, rappelant ainsi l’influence des seigneurs de Thouars sur la Couronne.
Pour impressionner le visiteur étranger, Louis XIV a revêtu un habit noir et or, couvert de diamants, d’une valeur de 12 500 000 livres
Au moment des traditionnels échanges de cadeaux, Louis XIV fait grise mine. Les présents apportés par l’ambassadeur n’ont pas la valeur espérée. On y trouve des perles, des pierres précieuses, des coffrets en or et un baume de momie guérissant tous les maux. Mais le monarque espérait plus ! Contrarié mais aussi affaibli (il mourra six mois plus tard à l’âge de 72 ans), il n’assiste pas au dîner de gala.
Un traité diplomatique et commercial sera néanmoins signé entre la France et la Perse et cette visite inspirera Montesquieu pour ses « Lettres persanes ».
La suite du voyage de l’ambassadeur sera moins glorieuse. Ne rentrant dans son pays que deux plus tard et ayant dilapidé l’argent récupéré des cadeaux qui lui avaient été remis pour le Shah, Mehmet Riza Beg se suicidera avant de se présenter à lui.
SHAAPT
BP 17
79100 thouars