Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Les quelques 450 000 voyageurs pressés qui se croisent chaque jour dans les vastes halls de la gare Saint Lazare n’y prêtent pas attention. Et pourtant, les vitraux sérigraphiés de la célèbre gare parisienne mérite intérêt. Posés en 1930, ils avaient subi l’affront du temps. Entièrement restaurés lors des travaux de réhabilitation de la gare Saint Lazare, après six années passées dans les ateliers de la société France Vitrail International, ils retrouvent tout leur éclat pour être admirés lors de l’inauguration de la gare rénovée le 21 mars 2012.

Parmi ces 114 verrières peintes, réparties dans les deux halls de la gare Saint Lazare, près de celles du Mont Saint Michel ou de Honfleur, figure en bonne position celle représentant le château de Thouars baigné par le Thouet. Mais pourquoi notre ville est-elle représentée dans cette gare dont les trains partent aujourd’hui essentiellement vers la région parisienne et la Normandie ?

A l’époque de l’installation de ces vitraux, en 1930, notre région était encore desservie par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest qui, au départ de Saint Lazare, envoyait ses trains vers la Normandie mais aussi la Bretagne et l’Atlantique. Voilà comment, avec La Rochelle ou encore Brest et Bordeaux, mais aussi Niort et Bressuire, la ville de Thouars, à travers son château, est représentée sur l’un de ces vitraux Art déco, tout comme Londres et New York, puisque les voyageurs prenaient le train pour Dieppe et Cherbourg avant d’embarquer sur les paquebots vers ces deux destinations.

Ces verrières sont intéressantes à plus d’un titre. Elles sont significatives de l’essor du tourisme dans les années 1930 et représentent donc les sites emblématiques des villes desservies.  

Elles sont aussi révélatrices de l’esprit dans lequel furent entreprises les restaurations de la gare Saint Lazare. Bâtie en 1837, le bâtiment fut entièrement refaçonné dans le style Art déco, que ce soit dans les ferronneries, le mobilier, les céramiques ou les décors. Les vitraux procèdent de cette mise au goût du jour. Au nombre de 114, on les doit à Charles Sarteur. Né en 1874, débutant en tant que cheminot, comme son père, il devient ingénieur auprès des réseaux ferrés et intègre l’équipe en charge de la restauration de la gare Saint Lazare. Mais Sarteur est aussi un artiste amateur de talent. Se basant sur les photos et cartes postales existantes, il reproduit ces paysages en tons ocres et bruns avec la technique du verre gravé au jet de sable puis peint à froid.

Aujourd’hui, parfaitement entretenues, ces verrières font la richesse de la gare Saint Lazare. Et nul doute, que chaque jour, un voyageur un peu moins pressé et plus curieux que les autres, ne s’arrête devant celle de Thouars.