Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Au milieu du XIXème, le vélocipède est en pleine expansion. Dès 1890, la bicyclette devenant un produit industriel, elle se démocratise. Des manufactures se développent avec Peugeot, Manufrance ou Mercier.

Dès lors, des compétitions sportives voient le jour dans lesquelles les champions rivalisent de prouesses avec un matériel parfois récalcitrant. Souvent initiées par les journaux de l’époque, elles attirent les foules et créent des légendes.

Au même titre que Paris-Roubaix ou Paris-Brest, la course Paris-Royan, même si elle ne donna pas lieu à un dessert, se révèle une épreuve phare.

Créée en 1895 par le journal « Le Vélo » et le Casino municipal de Royan, elle propose un circuit de 550 kms traversant Versailles, Chartres, Le Mans, Angers, Niort, Saintes avant de rejoindre la station charentaise qui veut alors rivaliser avec La Baule, les Sables d’Olonne ou Arcachon.

Si trente-un coureurs sont inscrits, vingt seulement sont sur la ligne de départ, à Paris le samedi 11 septembre 1897 à 17h. Parmi eux, Maurice Garin. Né en Italie dans la vallée d’Aoste en 1871, il devient ramoneur en Savoie puis dans le nord de la France où il découvre le vélo et se révèle rapidement performant. Talentueux et motivé par les récompenses conséquentes offertes par les organisateurs de courses, il participe à de nombreuses épreuves et se taille rapidement une belle réputation.

Il est d’ailleurs en tête lorsque la course passe par Thouars ce 12 septembre 1897 et signe le cahier de contrôle en pleine nuit à 5h40 à l’Hôtel du Lion d’Or, place Lavault. Bravant l’obscurité, des habitants sont présents pour l’applaudir et l’encourager. Garin est largement en tête, le coureur suivant, Alexandre Foureau, ne franchissant l’étape thouarsaise qu’une heure plus tard. Le dernier concurrent, Max Wood, n’atteindra Thouars qu’à 6h du soir et abandonnera la course dans notre ville.

Maurice Garin, lui, a poursuivi sur sa lancée, atteignant Royan à 13h ce dimanche et remportant la victoire avec une moyenne de 28km/h. Il connaitra par la suite bien d’autres victoires, devenant même le premier vainqueur du Tour de France en 1903.

Quant à la course Paris-Royan, avec le désengagement de ses initiateurs, elle ne connaitra pas de quatrième édition. Mais le passage de Maurice Garin resta longtemps dans les mémoires.

Visuel : Maurice Garin, non daté ©archives AFP