Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Elle s’appelait Anne-Marie Louise d’Orléans mais c’est sous le surnom de la Grande Mademoiselle que l’Histoire l’a retenue. Fille de Gaston d’Orléans, petite-fille d’Henri IV, elle était la cousine de Louis XIV dont elle aurait sans doute voulu se faire aimer.

Outre son attirance pour son cousin de onze ans son cadet, elle se rêvait surtout reine de France mais le destin en décida autrement. Menant la Fronde contre le jeune souverain, elle devra s’exiler de la Cour pendant plusieurs années et son immense fortune ne lui apportera guère le bonheur. C’est dans son château de Saint Fargeau, en Bourgogne, qu’elle entreprend l’écriture de ses Mémoires. Elle y raconte notamment sa visite à Thouars, le 27 octobre 1657.

« Monsieur de la Trémoïlle vint au-devant de moi à cheval avec trois cents ou quatre cents gentilshommes. Je trouvai Mesdames de la Trémoïlle et de Tarente plus près de Thouars avec quantité de dames du pays. Il y avait six ou sept carrosses de la livrée de la maison, tous à six chevaux. Cela avait un fort grand air » écrit-elle.

Après avoir assisté à un Te Deum en la collégiale Notre Dame, elle découvre avec enthousiasme le château, construit vingt ans plus tôt par Marie de la Tour, et qu'elle trouve « fort magnifique ». Elle ajoute : « On y voit une dignité (…/…) ce qui n’est pas à Richelieu », égratignant au passage le Cardinal, son plus fidèle ennemi.

Après avoir  chassé dans les bois avoisinants, elle quitte Thouars le lendemain pour rejoindre son domaine de Champigny sur Veude où l’accompagne la duchesse de la Trémoïlle.

Femme de caractère, réputée orgueilleuse, Madame de Sévigné la décrit froide et avare. Gardant une rancune tenace envers Louis XIV qui ne lui ouvrit jamais son cœur, elle meurt dans la solitude le 5 avril 1693.