Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Il fait un temps magnifique ce dimanche 19 mai 1901. Une foule considérable s’est réunie dans le jardin public qui jouxte la place Lavault. En cette belle et chaude journée de printemps, on inaugure le kiosque voulue par la municipalité. Au-delà de son élégante architecture et de son usage habituel, ce kiosque a aussi une valeur symbolique. Quelques années auparavant, sous couvert d’une rivalité politique locale, un procès a impliqué les deux sociétés musicales de la ville, la Lyre Thouarsaise et la Philarmonique. Et même si le temps a passé, les rivalités existent encore…

Profitant de l’inauguration de ce kiosque, le maire de Thouars, Victor Leclerc, a souhaité le rapprochement de ces deux associations locales.

Ainsi, en de dimanche de printemps, La Lyre thouarsaise et La Philarmonique, se sont retrouvées à l’Hôtel de Ville. A la demande du premier édile, les membres des deux fanfares sont invités à ne former qu’un seul cortège. C’est donc groupés que les musiciens locaux remontent la rue Drouyneau de Brie vers le jardin public. Les deux chefs de musique, messieurs Pierre et Jouffroy ont d’ailleurs prévu des morceaux en commun.

Arrivés sur place, ils sont accueillis par un public enthousiaste. La presse s’est largement fait l’écho de cet évènement et le programme a même été divulgué en amont.

Avant de laisser place à la musique, monsieur le maire prend la parole. Dans son allocution, il rappelle que les Thouarsais sont attachés à la musique et auront à cœur d’applaudir les aubades qui leur seront offertes dans cet écrin de verdure. Mais là encore, dans ce discours inaugural, il insiste sur la nécessité pour les deux groupes musicaux d’œuvrer dans le sens commun en oubliant les querelles du passé. On applaudit avec ferveur à ces propos.

Puis vient la partie musicale de la cérémonie. Tandis que les enfants font rouler leurs cerceaux dans les allées du jardin public, dames en capeline et robes légères et messieurs en canotiers cherchent la fraicheur sous les marronniers du square. Les Thouarsais endimanchés s’accordent pour applaudir les musiciens locaux. La Lyre Thouarsaise et la Philarmonique se succèdent sous le kiosque, rivalisant de talent. Ils interprètent des morceaux très en vogue de Savoy, Auber, Meister et le célèbre « Sambre & Meuse » de Rauski. On termine par une vibrante Marseillaise reprise en chœur par le public.

Puis, après s’être à nouveau formées en cortège devant l’Hôtel du Lion d’or, les deux associations musicales se retrouvent à nouveau à l’Hôtel de Ville où un apéritif pétillant leur est servi avant que ne retentisse à nouveaux quelques accords qui viennent clôturer cette belle journée. Les querelles du passé semblent oubliées. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs…