09 mai 1978
Né à Buzançais, dans l’Indre, en 1883, Albert Laprade est un architecte qui aura marqué son temps.
Formé à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, et après avoir été blessé au tout début de la Première guerre mondiale, on le retrouve dès 1915 à l’ambassade de France au Maroc.
Là, aux côtés d’Henri Prost, l’urbaniste du maréchal Lyautey, il participe à l’élaboration de plusieurs bâtiments majeurs dont la cathédrale de Rabat mais aussi à la création des quartiers modernes de Casablanca qui ont depuis laissé leur empreinte à la ville.
De retour à Paris, il est sollicité pour de multiples projets d’envergure. On lui doit notamment le Palais de la Porte dorée créé pour l’Exposition coloniale de 1931. Il est nommé Architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux en 1932 et le restera jusqu’en 1960.
Dans la France d’après-guerre, il signe plusieurs grands projets industriels et monumentaux.
Mais Laprade n’en reste pas moins un enfant de province et aime à sillonner la France, croquant dans de petits cahiers les détails architecturaux qu’il croise lors de ses pérégrinations : façades d’immeubles ou de maisons rurales, ferronneries d’escaliers ou de balcons, porches et échauguettes…
Ses dessins sont accompagnés de notes manuscrites qui témoignent de son attachement au patrimoine à une époque où nombre d’architectes rêvent de faire place nette du passé !
On ne s’étonnera pas alors qu’Albert Laprade fut l’un des précurseurs de la réhabilitation du quartier du Marais à Paris, dans les années 1960 ou des ruelles du Vieux Mans autour de la cathédrale.
Parmi les quelques 5000 planches qu’il laissa après sa mort, on remarque les dessins qu’il fit lors de son passage à Thouars, s’intéressant particulièrement aux maisons anciennes du quartier Saint Médard. On y retrouve les différentes constructions qui bordent la rue du Château jusqu’à l’Hôtel des Trois Rois, mais aussi les belles maisons qui s’élèvent sur le parvis de l’église. Laprade a même pris soin de dessiner la date « 1596 » qui orne l’un des frontons. Ces dessins, agrémentés de petits personnages, sont pour certains accompagnés de légendes et de relevés topographiques. On note quelques ferronneries disparues, comme un soupirail rue du Château, un balcon ouvragé sur l’Hôtel des Trois Rois ou un écusson fleurdelysé à l’angle de la rue des Cosses.
Publiés en 1980 dans un ouvrage intitulé « Architectures de France », préfacé par le journaliste Pierre de Lagarde, créateur de l’émission « Chefs d’œuvre en péril », les carnets d’Albert Laprade ont aussi l’avantage de présenter des croquis de lieux aujourd’hui disparus.
Albert Laprade meurt à Paris le 9 mai 1978.
SHAAPT
BP 17
79100 thouars