Société d'Histoire, d'Archéologie et des Arts du Pays Thouarsais

Ce mardi soir, chacun s’est fait beau. Même si le krach boursier d’octobre a ébranlé le monde entier, un peu partout, on s’apprête à célébrer les fêtes de fin d’année, en espérant le meilleur pour 1930.

Depuis plusieurs jours, les magasins thouarsais ont rivalisé d’offres alléchantes. Aux Galeries modernes, à la Belle jardinière, chez Lhermitte, idées cadeaux et jouets étaient proposés au public et dans la presse locale, les réclames étaient attractives.

Quant au dancing Excelsior, au cinéma Florida et au Palace des soirées dansantes ou des spectacles sont proposées pour cette soirée festive.

Si les halles n’ont pas désempli depuis les premiers jours de décembre, dans les restaurants aussi, on s’affaire. Le buffet de la gare, la Boule d’Or, le Cheval Blanc, partout on affiche complet. L’Hôtellerie St Médard sera encore l’une des tables prisées par les grandes familles thouarsaises où M. Boulhitte accueillera ses clients fidèles. Derrière l’église St Médard, un autre restaurant à la cote. C’est celui tenu par Léon Abélard, situé rue du Grenier à sel, à deux pas de l’actuel « Trait d’Union ».

Le restaurant de Léon Abélard est l’un des plus courus de la région. 

Né à Ligron en 1879, formé par les plus grands chefs de l’époque, en France et à l’étranger, Léon Abélard a ouvert sa propre enseigne à Thouars, au lendemain de la guerre, en 1919. Très vite, son talent culinaire et sa bonhomie ont fait accourir tous les gourmets.

Pour fêter l’entrée dans l’année nouvelle, le chef Abélard a concocté un réveillon particulièrement alléchant dans lequel il prouve son inventivité gastronomique et son attachement à ses racines locales : Voici donc le menu de la St Sylvestre 1929 qu’il nous propose :

Un consommé double au fumet de tomates, des huitres givrées, une création avec le homard à la thouarsaise, des noisettes de chevreuils des forêts d’Oiron à la Montespan, le boudin blanc Richelieu, la dinde farcie aux truffes du bois de Féole, la salade Héloïse et les asperges sauce hongroise pour faire couler. Après le fromage, pour le dessert, la traditionnelle bûche de Noël mais aussi un plum pudding flambé à la fine Cognac 1846, rappelant qu’Abélard fit ses armes dans un célèbre restaurant londonien. Tout cela arrosé bien sûr de vins de la région et de liqueur après le café. A l’époque, il fallait avoir l’estomac solide…

Avec ce menu, signé Léon Abélard pour la St Sylvestre 1929, voilà qui met l’eau à la bouche. Ce clin d’œil à notre histoire locale est l’occasion pour la SHAAPT de vous souhaiter une belle année 2024!